Présentation
Quelle histoire !
Ou plutôt quelles histoires ?
Ces rencontres sont l’occasion de faire des portraits atypiques et politiques.
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• Raimund Hoghe par Emmanuel Eggermont
Raimund Hoghe est né à Wuppertal en Allemagne. Il a commencé sa carrière en écrivant pour l’hebdomadaire allemand Die Zeit des portraits de petites gens et de célébrités, rassemblés par la suite dans plusieurs livres. De 1980 à 1989, il a été le dramaturge de Pina Bausch au Tanztheater Wuppertal, ce qui a également donné matière à la publication de deux livres.
À partir de 1989, il s’est attelé à l’écriture de ses propres pièces de théâtre, jouées par divers acteurs et danseurs.
C’est en 1994 qu’il monte en personne sur la scène pour son premier solo Meinwarts qui forme, avec Chambre séparée (1997) et Another Dream (2000), une trilogie sur le XXe siècle.
Parallèlement à son parcours théâtral, Hoghe travaille régulièrement pour la télévision, comme avec La jeunesse est dans la tête pour ARTE (2016), Lebenstraume (ZDF/3sat 1994) et en 1997, pour le compte de la WDR (la télévision ouest allemande), il met en scène Der Buckel, un long autoportrait de soixante minutes. Ses livres ont été traduits en plusieurs langues et dans de nombreux pays d’Europe, ainsi que d’Amérique du Nord et du Sud, d’Asie et l’Australie, l’ont invité à donner ces spectacles.
Il reçoit plusieurs prix, dont le « Deutscher Produzentenpreis für Choreografie » en 2001, le Prix de la critique Française en 2006 pour Swan Lake, 4 Acts dans la catégorie « Meilleur spectacle étranger». Pour l’année 2008, les critiques du magazine ballet-tanz le consacrent « Danseur de l’année ». En 2019, ils est nommé Officier de l’ordre des Arts et des Lettres en reconnaissance de sa « contribution extraordinaire à la collaboration culturelle entre l’Allemagne et la France». En octobre 2020 il reçoit le « Deutsche Tanzpreis », le prix allemand le plus prestigieux pour les chorégraphes. Raimund Hoghe est mort le 14 mai 2021, à l’âge de 72 ans.
Après une formation au Centre national de danse contemporaine d’Angers, Emmanuel Eggermont fait ses débuts de danseur à Madrid auprès de Carmen Werner. Fasciné par la découverte d’autres cultures, il séjourne également deux ans en Corée du Sud pour y mener un projet mêlant pédagogie et chorégraphie. Cette période – ainsi que sa collaboration de plus de quinze ans avec Raimund Hoghe (Boléro Variations, Si je meurs laissez le balcon ouvert, L’Après-midi…) – marque son travail en lui insufflant un goût pour l’essentiel, la sincérité et l’humanité au plateau. Aujourd’hui légataire de cette œuvre, il signe la chorégraphie de An Evening with Raimund (2021), About Love and Death (2024), pièces questionnant l’héritage et la filiation dans le champ chorégraphique.
À la suite d’une résidence de recherche à L’L (lieu de recherche expérimentale en arts de la scène à Bruxelles) où il y questionne sa pratique de 2011 à 2016, Emmanuel Eggermont commence à développer ses projets chorégraphiques au sein de L’Anthracite (Lille). Ses pièces rayonnent au niveau national et européen (Suisse, Portugal, Allemagne…). Elles l’amèneront notamment à obtenir la bourse Beaumarchais-SACD et à participer à deux reprises au festival In d’Avignon. Avec un goût tangible pour les arts plastiques et l’architecture, il s’y déploie des images aux résonances expressionnistes qui côtoient une danse abstraite et des tonalités performatives. Ses trois dernières créations, Πόλις (Pólis), Aberration et All Over Nymphéas suivent cette ligne artistique et forment un cycle « chromato-chorégraphique ». Monochromies et études picturales invitent le spectateur à devenir conscient de ce qui repose invisiblement en lui, son histoire enfouie et celle qui s’y superpose. Emmanuel Eggermont était artiste associé au Centre Chorégraphique National de Tours (2019 – 2023). Pendant cette période, il commence une réflexion sur la durabilité des idées artistiques mêlant transmission et création.